La Guyane :: Histoire

LA GUYANE

Située au nord-est de l’Amérique du sud, à 5 degrés nord au dessus de l’équateur, la Guyane est enclavée entre le Brésil et le Surinam, à mi-chemin entre le tropique du Cancer et l’équateur.

D’une superficie d’environ 90 000 km² (soit 1/6° de la France), la Guyane est la seule possession française située sur le continent sud Américain. La population s’est concentrée sur le littoral et les fleuves et laisse l’intérieur du pays encore vide d’habitants.

Amérindiens, « Noirs-Marrons », Créoles Guyanais, Créoles Antillais, Métropolitains, Chinois, Hmongs, Haïtiens, Surinamais, Brésiliens, Guyaniens, la Guyane offre avec ses 200.000 habitants, toute sa diversité ethnique, multitude de cultures.

Une saison sèche de juin à novembre, et une saison des pluies de novembre à juin entrecoupée par le « petit été de mars », avec des températures moyennes de 27°, apporte à la Guyane un climat équatorial humide qui en raison de sa stabilité ne permet pas le passage de cyclone, mais favorise une végétation luxuriante. Le pays est recouvert à 95 % de forêt vierge : la forêt amazonienne.

L’émergence de la Guyane Française est le produit d’une longue lutte. Les provinces unies, l’Angleterre et la France ont au début du 17ème siècle, les mêmes prétentions sur l’espace guyanais, celles d’occuper l’espace compris entre l’Orénoque et les boucles de l’Amazone. Les rapports de force entre ces trois puissances aboutissent au partage de cet espace et la France n’en obtiendra que la plus petite portion.

La délimitation des frontières ne sera résolue qu’après deux siècles et demi :

A l’ouest, le Maroni pose une frontière naturelle, mais le problème restera posé par le haut Maroni, le long duquel se sont installés les DJUKA. Ce conflit sera réglé par le Tsar Alexandre III en mai 1891, en faveur de la Hollande.

Au sud-est, l’arbitrage du conflit sera fait par la Suisse le 1er décembre 1900, en faveur du Brésil.

Au sud, la France et le Brésil s’entendront en 1950 sur une frontière qui passe par le partage des eaux entre le bassin de l’Amazone et les fleuves de la Guyane.

AMERINDIENS D’HIER ... ET D’AUJOURD’HUI

On connaît l’histoire des amérindiens par les récits des premiers explorateurs, les recherches archéologiques récentes, les travaux des ethnologues et par la volonté mêmes des amérindiens. Ce peuplement très ancien remonte à la période précolombienne.

Hier, vers l’an mil vivent trois grands groupes qui vivent en villages, petits mais nombreux, de l’agriculture et pratiquent la culture sur brulis :

- les ANOUQUINONIDES (ARAWAKS) vivent sur la côte et à l’intérieur
- les KURAIBO (KARIB)
- les ARISTES dont descendent les PALIKOURS

Vers 1500, on trouve en Guyane :

- les ARAWAKS, venus d’Amazonie centrale
- les KALINIAS, venus du Vénézuela
- les TUPIS, (ancêtres des EMERILLONS)
- les WAYANAS et les KARIB

Le territoire est alors contrôlé par des structures politiques amérindiennes, système fondé sur la chefferie. Le chef amérindien exerce son autorité sur une communauté villageoise. L’administration des affaires du village relève également du chaman qui détient des fonctions magiques et politiques.

Ces villages sont reliés par un réseau de voies de communications forestières parcourues à pieds, ou fluviales au moyen de pirogues et ont, les uns vis à vis des autres, une indépendance qui n’empêche pas les alliances ou les affrontements. Ils vivent de chasse, de cueillette ou d’agriculture.

Les amérindiens resteront, jusqu’au milieu du 17° siècle, les maîtres du terrain. Les français n’étant pas en nombre suffisant, ne peuvent maîtriser tout le territoire. Ils n’occupent donc que l’espace littoral. Mais surtout, coexister sera une nécessité. Les français se trouvent sous la domination des amérindiens, ne serait ce que sur le plan alimentaire. De ce fait les français vont devoir négocier avec les amérindiens. En 1635, sera signé un traité avec les GALIBIS-KALINIAS : les amérindiens abandonnent l’île de Cayenne aux français, leur fournissent aide et assistance pour la chasse et la pêche, en échange de quoi les français s’engagent à ne pas mener d’expéditions militaires contre eux et autorisent le commerce.

De 1790 à 1930, les épidémies ont provoqué la mort de beaucoup d’amérindiens qui occupent l’intérieur du pays. Au 19° siècle, les WAYAMPIS fuyant l’enrôlement forcé dans les forces portugaises, se réfugient en Guyane. Puis en 1900, l’arbitrage avec le Brésil, fait les PALIKOURS se réfugier également en Guyane, apportant une épidémie de paludisme. A la fin du 19° siècle, ont peut malheureusement parler d’un « peuple en voie de disparition ».

Aujourd’hui, et depuis la moitié du 20° siècle, après qu’ils aient été oubliés pendant près d’un siècle et demi, la départementalisation va mettre en place une politique d’assimilation. En 1946, sera créé un Home indien. Il s’agit d’un internat pour enfants qui sont soustraits à leur famille pour être scolarisés.

En 1965, l’idéologie égalitaire favorise la francisation pour le biais de jugements déclaratifs de naissance. Un amérindien est un citoyen français.

En 1969, une volonté d’aménagement du territoire entraîne la suppression du territoire de l’Inini, ce qui permettra la création de communes et le regroupement des populations amérindiennes pour leur faciliter l’accès aux soins et à l’école. Des interlocuteurs seront nommés pour la communication. Les amérindiens sont des citoyens productifs.

Mais depuis 1970, une montée en puissance de revendications identitaires amène la création de zones de protection pour éviter les épidémies.

Les amérindiens ne veulent pas être de « bons sauvages » ni se créoliser. Ils veulent s’affirmer comme un peuple participant à la construction de la Guyane, être représentés par leurs élus et réclament une prise en compte particulière. Leurs revendications semblent être considérées comme des menaces de fragmentation par le pouvoir ainsi que par la société créole.

LA GUYANE ET LE CYCLE DE L’OR

Du 17° siècle à nos jours, on peut repérer trois périodes caractéristiques de la vie guyanaise.

Tout d’abord, l’ère des habitations sous le régime esclavagiste, qui se caractérise par la production et l’exportation d’un certain nombre de denrées destinées aux marchés européens.

A partir du milieu du 19° siècle, l’or fait vivre toute la Guyane, c’est le cycle de l’or.

La seconde moitié du 20° siècle, verra l’économie guyanaise tenter de se démarquer de la période coloniale, en cherchant à renouveler la production.

Après l’ère des habitations et de sa production, la découverte de l’or va modifier la nature de la production en Guyane.

C’est le colon Félix COUY, commandant du Quartier de l’Approuague, qui va lancer l’exploitation du premier gisement sur les indications d’un brésilien nommé PAOLINE.

Avec 25 hommes, il monte une expédition sur le Haut Approuague en août 1855. Cette découverte intervient en pleine crise économique, juste après les bouleversements apportés par l’abolition de l’esclavage de 1848 alors que les propriétaires d’habitation désespéraient de trouver des solutions pour maintenir les niveaux de production avec la crise sucrière.

Cette découverte va entraîner une modification de l’occupation de l’espace guyanais, vers l’intérieur et le long des fleuves, ainsi qu’une modification de la population en raison d’une forte immigration (États Unis, Brésil, Antilles), mais essentiellement masculine. Les « placers » ne favorisent pas une vie familiale ni les naissances. Les guyanais vont eux se trouver vers le commerces aux alentours des exploitations minières. L’orpaillage va provoquer l’effondrement des cultures vivrières aggravant la situation de dépendance.

Alors que les techniques traditionnelles ne permettent le traitement que d’une faible partie de l’or, la production va représenter 90% des exportations.

Toute la difficulté réside dans la modernisation de l’orpaillage qui demande un matériel considérable à déplacer sur des sites très difficile d’accès. Imagine t’on du gros matériel pour l’orpaillage, remonter un fleuve, en équilibre sur deux pirogues ??? Pourtant, en Guyane, on le fait...

Les tentatives industrielles sont rares et le déclin du cycle de l’or après la première guerre mondiale va obliger à trouver un nouvel équilibre, puisque cette mono-production a entraîné l’abandon des abattis.

En 2004, la ruée vers l’or est toujours d’actualité et les conséquences désastreuses de l’orpaillage clandestin avec son lot de misère humaine et écologique...

La Mine BOULANGER : une mine qui respecte l’environnement...

SANS OUBLIER LE BAGNE...

Les français feront la conquête de la Guyane avec des objectifs d’ordre politiques, économiques et religieux. Ils n’y trouveront qu’une population clairsemée de tribus amérindiennes.

Cependant, il faut des hommes !!!

Au cours des deux premiers siècles de la colonisation, la France ne disposera pas de ressources humaines nécessaires à la maîtrise du pays conquis. Louis XV va donc confier au Duc de Choiseul la mission du peuplement. En 1762, le Duc de Choiseul organise la plus vaste opération de peuplement jamais conçue. Une campagne de recrutement est lancée en Allemagne, en Belgique, en Suisse et en France. Le premier contingent conduit par l’intendant Chanvallon débarque à Cayenne en décembre 1763 et s’installe dans la vallée de Kourou qui se soldera par la catastrophe de Kourou. Mais les capacités d’accueil sont insuffisantes, les équipements sommaires, les vivres largement insuffisants. La Guyane n’est pas prête et en quelques mois le pays se transforme en mouroir. Les épidémies font des ravages : 7 000 morts en un an. Un vraie catastrophe, véritable scandale du à l’organisation défectueuse de ces opérations, à l’inadaptation et à la non préparation des colons. Louis Napoléon Bonaparte pense qu’une peine de travaux forcés serait plus efficace et moraliste si elle est utilisée pour les progrès de la colonie française. D’autant que cette solution débarrasserait la France de ses bagnes de Brest, de Rochefort et de Toulon.

Ces contingents de condamnés comprenant les condamnés politiques qui relevaient de la déportation, les criminels qui relevaient de la transportation et les récidivistes qui relevaient de la relégation, avaient le statut de condamné avec une peine à purger, et de colons avec une obligation de contribution au peuplement de la Guyane et à son développement économique.

Entre 1852 et 1938, plus de 60 000 hommes et femmes débarquent en Guyane dans le camps de la transportation de Saint Laurent du Maroni, puis sont dirigés vers les Îles du Salut (Île Royale, Saint Joseph, Île du diable) où ils traîneront les chaînes du bagne dans la souffrance, l’humiliation et pour la plupart y trouver la mort.

Ils sont venus pour racheter leurs fautes et participer à la création d’un nouveau pays. Pour les inciter à s’installer en Guyane, ils sont condamnés au doublage de leur peine, par le même temps de résidence ou une résidence à perpétuité. Des femmes condamnées sont autorisée à purger leur peine en Guyane, libre, en contrepartie d’un mariage. Mais les conditions de détention et de vie dans un milieu tellement hostile, la malnutrition, les épidémies font que la mortalité est excessive

Un décret de 1938 supprimera la transportation.